mardi 3 mars 2009

3 jours en Beaufortain

Du jeudi 26 au samedi 28 février:
En guise d'introduction, je vais commencer par la fin, et répondre aux allégations de Jérôme qui flirtent avec la diffamation, qui frisent la calomnie, bref, attention Jérôme, tu es à 2 doigts de la ligne jaune, et la pente est savonneuse !!!
En effet voyez-vous, ce petit insolent prétend que Seb et moi aurions été fatigués, je cite: "les deux dingues sont calmés", "j'ai bien lu la fatigue aigüe dans leurs yeux pleins de beaufortain", "Z'ont même pas fait l'aiguille du grand fond : calmés qu'ils étaient ch'te dis ! Et pi j'ai vu Seb limite en chasse-neige tellement le neige était molle et lourde... Si c'est pas un signe ça. La preuve ultime : z'avez vu tomber sur vos téléscripteurs la sortie du jour ou la niouze de drélepentu hier soir : NADA. Au font du lit qu'ils étaient."
Je laisse Seb laver son linge sale en famille avec son histoire de chasse-neige (Jérôme n'est autre que son beau-frère, et personnellement, j'ai beaucoup mieux qu'un supposé chasse-neige, vous verrez ça un peu plus loin).
Mais, concernant l'aiguille du Grand Fond, je dois quand même préciser que si nous n'y sommes pas allés c'est UNIQUEMENT par soucis de sécurité, vu la chaleur ambiante (un vrai four cette pente sud-est) et la lourdeur de la neige pas encore bien stabilisée, d'ailleurs la preuve, une petite coulée s'est déclenchée dans un couloir, et il aurait été stupide d'aller se mettre en danger là-dedans !
Ensuite, pour le retard de la sortie du compte-rendu, je répondrai simplement que ce que je fais de mes dimanches ne regarde que moi et ne comptez pas sur moi pour vous dire où j'étais ! J'ajoute qu'il n'est pas nécessaire de tenir une forme olympique pour rester assis quelques heures sur une chaise devant un écran et trier plus de 300 photos, les retoucher, et les mettre en ligne, tout en sirotant une boisson chocolatée ou diurétique, selon les goûts de chacun. C'est plutôt quand on est vraiment cuit dur qu'on s'attelle à ce genre de boulot. Enfin bon, je m'comprends !
Enfin, et pour clore le débat je dirai que c'est facile de faire son malin quand on n'a porté qu'un petit sac de 35 litres à moitié vide et qu'on n'est même pas allé ni au Crêt du Rey le 1er jour, ni au Roc de la Charbonnière le 2ème jour !!!
La preuve en image:
Au départ, le 1er jour, le sac de Jérôme (en bonnet rouge) est minuscule !

Donc, en ce clair matin de février 2009, Tassin, Pithivier, et le chef Chaudard avançaient sur la route du lac de St Guérin, dans les meilleures conditions. La route jusqu'au refuge de la Coire était longue certes (8km), mais l'ambiance était à la rigolade (du moins au début) et la forêt de St Guérin n'a rien à voir avec celle de Machecoule (on risque pas de s'y perdre) !
C'est un endroit qui semble assez froid, et on y trouve de beaux glaçons, parfaits pour l'apéro:



Le coin fourmille aussi de magnifiques chalets d'alpage, au bord du lac ou plus haut dans les pentes, toujours douces et accueillantes:
Au bord du lac, face au Grand Mont d'Arêches

Chalet + glaçons à proximité

Seb s'ennuie ferme sur cette route toute plate, il s'énerve et allonge la foulée


Brulé par le soleil, le bois s'assombrit.

Paysage de comtes de fées: gros rochers et petits sapins au bord d'un lac. Ne manquent que les Trolls ! Normal, c'est le Lac des Fées !

La croix du Cormet d'Arêches, et le refuge de la Coire, face à la Grande Paréi.

Arrivés au refuge, 1ère opération: le déballage des sacs. On a dévalisé l'épicerie, la coopérative de fromages, et le traiteur d'Albertville: tome de Yenne, beaufort, viande des grisons, tranches de roti de porc, pates (1.2 kg), pots de sauce tomate, petite bouteille de vin, sachets de soupe, de croutons, de parmesan, gâteau de Savoie aux myrtilles, tranches de cake maison au chocolat et à la banane (parfumé d'un peu de rhum), friandises et biscuits divers, tout y est !

"Fous afez du à l'aïl ???"

On s'installe un peu, je fends quelques bûches, et Seb et moi repartons au Crêt du Rey, bien que le ciel se voile doucement, pendant que Jérôme teste les matelas et les couvertures !

Derniers pas sur l'arête.

Ciel magique à 16h30

Le Mt Blanc au fond, au milieu: Grand Fond, Presset, Pierra Menta, Nova, Gargan, Roignais, au 1er plan: Seb qui regarde où il met les pieds !

On visite rapidement le sommet (c'est la 1ère fois que j'y monte, la 2ème pour Seb) en se balladant le long de l'arête, on jette un coup d'oeil sur le couloir Nord qui ne nous inspire pas trop. On redescend donc par l'itinéraire de montée. Sauf pour moi: je m'offre un petit "raccourci" par le couloir de droite de la facette N-E, qui après 4 ou 5 virages en neige dure (mais bon grip !), se révèle en excellente poudreuse.
De retour au refuge, après quelques tentatives infructueuses pour faire prendre le feu de manière "classique", on emploie les grands moyens en posant carrément de petites buchettes sur le bruleur de la gazinière jusqu'à ce qu'elles soient "bien à point" et CA MARCHE !!!
Il ne nous reste plus qu'à nous faire pêter la panse avant de s'offrir un petit "thé digestif" accompagné de quelques biscuits au chocolat, devant le poêle qui ronronne.

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Le lendemain matin, après dissipation des 3 nuages matinaux qui accrochent le Mt Pourri, le ciel est bleu, et le soleil se reflète sur les fenêtres du refuge:
8h05: pas un nuage à l'horizon, une belle journée se prépare.

Le temps d'avaler thé, parts de gâteau, biscuits (et pates aussi pour moi), de faire un brin de ménage et de vaisselle, de refaire les sacs et c'est reparti pour un tour: on attaque par le Mt Coin, montée côté sud-ouest, descente versant nord-est, puis on remet les peaux pour remonter au Lac d'Amour. Là on pose les sacs et Seb et moi nous nous offrons une petite friandise: la face nord du Roc de la Charbonnière, tout en poudre, avec la montée déjà tracée (ça économise bien les forces), et seulement 3 traces de descente, ce qui nous laisse pas mal de place.

Traces de godilles sous la Pierra Menta, comme dans les publicités !

Le soleil joue à cache-cache

Belles corniches

Seb dans la trace de montée. Au loin, le Mt Blanc est dans les nuages

Vue du sommet

On apprécie énormément la descente: sans sac, le dos et les épaules sont entièrement libres, rien ne vient entraver ou freiner les mouvements, sans parler du poids ! Ca permet de bien se lâcher, peut-être un peu trop pour Seb !

Seb a désserré le frein à main. Jusqu'ici tout va bien ...

mais au virage suivant, vloum !!

Et ensuite, du coup, on dirait qu'il skie assis sur une chaise !!

Au bas de la pente, on retrouve les sacs, on les remet sur le dos et c'est reparti pour la 3ème montée de la journée. Jérôme a pris de l'avance et nous a fait la trace dans la pente qui remonte sous la Pierra Menta, en plein cagnat.

Seb sous la Pierra Menta

Quand on arrive au col à Tutu, Jérôme nous attend depuis un bon moment déjà et claque des dents alors que nous transpirons à grosses gouttes. Il est 15h30 et on prend enfin le temps de se restaurer !

Au col à Tutu, la Pierra Menta de profil

Ensuite, courte descente à l'ombre, dans une neige infâme, soufflée et croutée, puis dernière remontée (Seb et Jérôme ont choisi la traversée en dévers par le col de Bresson) jusqu'au refuge de Presset, avec la terrasse face à la Pierra Menta.

Le Passeur de Gargan (au 1er plan, avec les rochers gris-verts), et l'aiguille de la Nova, avec les teintes rouges-orangées.

A 18h

Pierra Menta au soleil couchant


Sous la lune et l'étoile du berger

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La Pierra Menta au petit matin

Le lendemain, pendant la montée au col du Grand Fond, sous un soleil printanier, la fatigue commence à se faire sentir. Au col, un groupe d'une dizaine de gars en collant-pipette nous rattrape. On est bluffés par leur aisance dans la dernière pente (raide et en neige dure où nous avions mis les couteaux) où ils se tirent la bourre, comme pour une arrivée au sprint, tout en bavardant pour certains. Parmi eux, je reconnais Jean-Louis (le pote de notre collègue Jean-Louis), qui nous raconte qu'ils sont partis à 6h, à la frontale, de Naves, pour la traversée intégrale du Beaufortain du S-O au N-E, dans la journée, jusqu'à Hauteluce. Une ballade d'environ 25 km, ce qu'on a coutume d'appeler "une belle bambée" ! A peine le temps d'échanger 3 mots tout en dépeautant, d'enfiler un gilet, et zou, ils sont repartis.

Vues depuis le col du Grand Fond: le massif du mt Blanc, Aiguille des Glaciers, Grandes Jorasses ...

Quant à nous, on se rend compte qu'il est déjà beaucoup trop tard pour tenter l'Aiguille du Grand Fond, le soleil tape trop fort, la neige est très humidifiée, la pente est raide et ça craint un peu, sans parler du poids des sacs et de notre allure beaucoup trop lente. Du coup, on va se contenter de la Brèche de Parozan. On a tout de même 1000 m de descente continue jusqu'au pont de Treicol, dont une partie en bonne poudreuse tassée, et un petit passage pentu et bien orienté, en neige légère.

Belle pente sous la face nord de Presset

Le chalet de Parozan, sous la brèche du même nom

Passage pentu en bonne neige sous Parozan

Ensuite, pour la toute dernière montée, une petite bise bienfaitrice nous rafraichit, jusqu'au Passage de la Charmette.

Dernier regard sur la Pierra Menta

Dernier casse-croûte ensemble sur la crête de Roche Parstire. Le périple tire à sa fin, il nous reste une petite descente, photo de groupe, au milieu d'un panorama à 360°.
Pour la descente Seb a repéré qu'en revenant un peu sur nos pas le long de l'arête, on va pouvoir prendre une pente orientée un peu nord-ouest, donc en bonne neige, avec un petit talweg très ludique, propice à une bonne éclate !

Jérôme fait du stop !

Excellente poudreuse à la sortie du goulet

Conclusion: 3 jours trop de la balle. On remet ça ??
En mars ? en Vanoise ?
J'ai plein d'idées !!


Les photos de Seb sont là:
http://photos73.free.fr/Saison_ski_de_randonnee_2009/album/Raid%20dans%20le%20Beaufortain%20-%2026%20au%2028.02.2009/index.html

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