Bien sûr, il a amené ses skis et tout son matériel. Seb et moi sommes tout heureux de retrouver notre fidèle compère, et de lui proposer une belle rando.
Je rentre de vacances et suis complètement déconnecté de la montagne, je ne suis pas au courant de la météo des derniers jours. Seb me fait un rapide topo: il a fait beau et chaud, puis il a neigé vendredi et samedi. On devrait donc pouvoir trouver de bonnes conditions de neige en montant en altitude, un peu comme samedi dernier.
Seb a très envie de retourner à la Sana, pour faire la face Est. On prendrait un peu d'avance sur Bougnat qui arriverait au col des Barmes de l'Ours en même temps que nous au sommet, il reprendrait son souffle en nous regardant descendre et on le rejoindrait au col pour casser la croûte tous les 3.
Ca me parait un bon plan, même si un mauvais pressentiment germe dans ma tête: cette face est très exposée, on doit faire quelques virages au-dessus d'une barre rocheuse et il ne faudrait pas ... je me mets "malgré moi" quelques sales images dans la tête. Et je me dis que peut-être il serait sage que l'on rejoigne Bougnat au col plutôt par la face sud (la voie normale, notre itinéraire de montée). Enfin, on verra bien là haut, comment les choses se présentent ! Et c'est parti: réveil à 4h du mat (ce qui a découragé le 4ème Dalton, Jérôme qui lui aurait du se lever à 3h pour venir de Chambéry ! du coup il a préféré faire du vélo !), arrivée à Val d'Isère à 6h tapante, puis lever de soleil sur l'objectif:
En rouge, l'itinéraire de descente prévu: on traverse la face, puis un petit couloir nous permet de rejoindre le gros couloir déjà skié le samedi précédent.
10h00: Seb arrive au sommet, suivi par un gars qui a lâché son groupe pour nous emboiter le pas à la montée.
10h00: Seb arrive au sommet, suivi par un gars qui a lâché son groupe pour nous emboiter le pas à la montée.
La Dent Parrachée
L'arête S-E, tout en bas le col, et un peu à gauche, sur la trace de montée, Bougnat qui touche au but !
En rouge: le piège !
L'arête S-E, tout en bas le col, et un peu à gauche, sur la trace de montée, Bougnat qui touche au but !
En rouge: le piège !
Au sommet, on expédie les habituelles photos de paysage, on avale quelques abricots et zou, on se prépare. Seb est-il + rapide que d'habitude ou bien est-ce moi qui suis + lent, + minutieux ? Toujours est-il qu'il est prêt avant moi, et qu'il semble impatient d'en découdre, il ne m'attend pas, chausse et descend en contournant la zone de cailloux pour s'approcher de l'arête (très arrondie et large). Il est vrai que depuis le sommet, on ne voit pas grand chose, impossible de se rendre compte de l'état de la neige dans la face sans s'en approcher un peu. Je le rejoins donc. De là où il est, c'est un peu mieux: on dirait que la face est en poudre. Cependant, de là où nous sommes, nous n'en voyons qu'une petite partie et comme nous ne l'avons pas remontée, on ne peut pas se guider sur notre trace de montée, et j'aimerais bien en avoir une vision + large. Je décide donc de descendre encore quelques mètres (3 virages) en suivant le bord de l'arête, avant d'observer et de prendre une décision.
C'est là que tout a basculé. Le bord de cette arête bien ronde était plaqué. Pas épais, mais suffisant pour me pousser très fort dans la pente, et me déséquilibrer. Exactement ce que j'avais imaginé la veille. Et je dis bien "imaginé". Pas "déduit" par l'analyse du bulletin de risque d'avalanche et de la météo des jours précédents ou par l'observation sur le terrain, mais plutôt redouté, craint et visualisé dans ma tête. Est-ce que c'est ce "film" que je m'étais fait la veille qui m'a permis de m'en tirer ? Peut-être d'avoir en quelques sorte des "réflexes conditionnés inconscients" ? En tous cas je n'ai pas été surpris plus que ça.
Et c'est cela qui fait que je n'ose pas trop contredire certains de mes collègues et amis qui me disent que "ça devait arriver". Je crois que oui. Parce que j'y avais pensé. Je pensais que ça allait arriver. Pas forcément que ça "DEVAIT" arriver mais que ça arrivait, que ce n'était plus bien loin. J'ai eu cette impression là.
Déjà au Mt Vorassay, la pente était très expo et il y avait beaucoup de neige, mais c'était stable car pas très haut en altitude et le manteau s'était bien tassé, et je l'avais analysé comme ça.
Sur la crête des Volnets, c'était bien chaud aussi: la traversée sous les rochers, côté sud pas bien loin de midi, puis la petite plaque qui me couche au départ en skis, c'était sûrement un signe.
Et je l'ai entendu. C'est ça le pire: je me suis douté très fort de ce qui allait arriver. Et je n'ai RIEN fait pour l'empêcher ! Je n'ai pris ni casque ni corde, je les ai laissé au placard !
A croire qu'il y a un dieu pour les crétins !
Je n'ai pas non plus dit à Seb "laisse tomber, aujourd'hui je la sens pas, on y reviendra une autre fois".
J'ai déjà été accidenté, une fois, par une voiture, alors que je traversais une grosse avenue à Glasgow. Et j'avais déjà eu, à l'époque (il y a 15 ans de ça) l'impression que quand ça doit arriver, ça arrive, on n'y peut rien.
Mais quand même, je crois que c'était une sacrée mauvaise idée d'aller dans une telle pente, avec une exposition de niveau 3 au lendemain d'une chute de neige !
Pour la petite histoire, sachez que la chute a surement duré entre 3 et 6 secondes environ, que mon ski gauche a déchaussé dans la chute, un de mes batons s'est brisé net 10 cm sous la poignée, que le talon de mon ski droit a fini par se planter dans la neige, ce qui m'a stoppé net (ouf merci, ça peut servir de bien bloquer la butée avant). Je me suis relevé en me disant "Aïe ma cuisse droite, mais ouf mes genoux n'ont rien et je n'ai rien de cassé, mais je pisse le sang par la tête !" Ensuite j'ai appelé Seb, puis "Au secours" plusieurs fois. Au bout d'un certain temps, le fait de ne pas recevoir de réponse de Seb m'a inquiété. Je me suis souvenu qu'il était un virage derrière moi au moment où la plaque est partie. Et là, je me suis dit qu'il y avait urgence à appeler les secours. Le portable passait (re-ouf). J'ai eu le PG qui a envoyé l'hélico, puis j'ai eu plusieurs appels et j'ai mis un bon moment (avec des gants c'est pas facile d'ouvrir une poche et avec le soleil et sans lunettes de soleil - elles ont valdingué dans la chute - c'est pas évident de lire sur un écran à cristaux liquides) à me rendre compte que c'était Seb qui m'appelait pour demander comment j'allais !! J'ai donc rappelé le PG pour leur signaler que finalement mon pote allait bien et qu'il n'y avait que moi à récupérer !! Les secours sont arrivés super vite, ils ont eu un peu de mal à me repérer dans cette face bien large, mais ensuite, le pilote a approché l'hélico très près de moi, j'ai été treuillé en 3 secondes et descendu à Val d'Isère en moins de 5 minutes !
Je tiens aussi à ajouter que la présence de Véronique dans mon esprit m'a donné pas mal d'énergie pour tenter de ralentir ma chute en plantant les poings et les pieds dans la neige le plus souvent possible.
Et d'autre part, je me demande si je ne vais pas commencer à penser que le ski de pente raide, ça doit se pratiquer UNIQUEMENT sur neige dure (et donc forcément stable), même si ça craint un peu plus en cas de chute (mais quand on va dans le raide, on ne tombe pas, non ?).
En attendant, les prochaines sorties seront un petit peu + "soft" !!!
Le vécu de Seb:
http://photos73.free.fr/Saison_ski_de_randonnee_2009/album/Pointe%20de%20la%20Sana%20(face%20Est-Nord%20Est)%2013.04.2009/index.html
C'est là que tout a basculé. Le bord de cette arête bien ronde était plaqué. Pas épais, mais suffisant pour me pousser très fort dans la pente, et me déséquilibrer. Exactement ce que j'avais imaginé la veille. Et je dis bien "imaginé". Pas "déduit" par l'analyse du bulletin de risque d'avalanche et de la météo des jours précédents ou par l'observation sur le terrain, mais plutôt redouté, craint et visualisé dans ma tête. Est-ce que c'est ce "film" que je m'étais fait la veille qui m'a permis de m'en tirer ? Peut-être d'avoir en quelques sorte des "réflexes conditionnés inconscients" ? En tous cas je n'ai pas été surpris plus que ça.
Et c'est cela qui fait que je n'ose pas trop contredire certains de mes collègues et amis qui me disent que "ça devait arriver". Je crois que oui. Parce que j'y avais pensé. Je pensais que ça allait arriver. Pas forcément que ça "DEVAIT" arriver mais que ça arrivait, que ce n'était plus bien loin. J'ai eu cette impression là.
Déjà au Mt Vorassay, la pente était très expo et il y avait beaucoup de neige, mais c'était stable car pas très haut en altitude et le manteau s'était bien tassé, et je l'avais analysé comme ça.
Sur la crête des Volnets, c'était bien chaud aussi: la traversée sous les rochers, côté sud pas bien loin de midi, puis la petite plaque qui me couche au départ en skis, c'était sûrement un signe.
Et je l'ai entendu. C'est ça le pire: je me suis douté très fort de ce qui allait arriver. Et je n'ai RIEN fait pour l'empêcher ! Je n'ai pris ni casque ni corde, je les ai laissé au placard !
A croire qu'il y a un dieu pour les crétins !
Je n'ai pas non plus dit à Seb "laisse tomber, aujourd'hui je la sens pas, on y reviendra une autre fois".
J'ai déjà été accidenté, une fois, par une voiture, alors que je traversais une grosse avenue à Glasgow. Et j'avais déjà eu, à l'époque (il y a 15 ans de ça) l'impression que quand ça doit arriver, ça arrive, on n'y peut rien.
Mais quand même, je crois que c'était une sacrée mauvaise idée d'aller dans une telle pente, avec une exposition de niveau 3 au lendemain d'une chute de neige !
Pour la petite histoire, sachez que la chute a surement duré entre 3 et 6 secondes environ, que mon ski gauche a déchaussé dans la chute, un de mes batons s'est brisé net 10 cm sous la poignée, que le talon de mon ski droit a fini par se planter dans la neige, ce qui m'a stoppé net (ouf merci, ça peut servir de bien bloquer la butée avant). Je me suis relevé en me disant "Aïe ma cuisse droite, mais ouf mes genoux n'ont rien et je n'ai rien de cassé, mais je pisse le sang par la tête !" Ensuite j'ai appelé Seb, puis "Au secours" plusieurs fois. Au bout d'un certain temps, le fait de ne pas recevoir de réponse de Seb m'a inquiété. Je me suis souvenu qu'il était un virage derrière moi au moment où la plaque est partie. Et là, je me suis dit qu'il y avait urgence à appeler les secours. Le portable passait (re-ouf). J'ai eu le PG qui a envoyé l'hélico, puis j'ai eu plusieurs appels et j'ai mis un bon moment (avec des gants c'est pas facile d'ouvrir une poche et avec le soleil et sans lunettes de soleil - elles ont valdingué dans la chute - c'est pas évident de lire sur un écran à cristaux liquides) à me rendre compte que c'était Seb qui m'appelait pour demander comment j'allais !! J'ai donc rappelé le PG pour leur signaler que finalement mon pote allait bien et qu'il n'y avait que moi à récupérer !! Les secours sont arrivés super vite, ils ont eu un peu de mal à me repérer dans cette face bien large, mais ensuite, le pilote a approché l'hélico très près de moi, j'ai été treuillé en 3 secondes et descendu à Val d'Isère en moins de 5 minutes !
Je tiens aussi à ajouter que la présence de Véronique dans mon esprit m'a donné pas mal d'énergie pour tenter de ralentir ma chute en plantant les poings et les pieds dans la neige le plus souvent possible.
Et d'autre part, je me demande si je ne vais pas commencer à penser que le ski de pente raide, ça doit se pratiquer UNIQUEMENT sur neige dure (et donc forcément stable), même si ça craint un peu plus en cas de chute (mais quand on va dans le raide, on ne tombe pas, non ?).
En attendant, les prochaines sorties seront un petit peu + "soft" !!!
Le vécu de Seb:
http://photos73.free.fr/Saison_ski_de_randonnee_2009/album/Pointe%20de%20la%20Sana%20(face%20Est-Nord%20Est)%2013.04.2009/index.html
Nice post thank you Amy
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