Dré dans le pentu: Brèche de Terrassin, couloir des Tougnes

J'en connais un qui doit avoir les boules comme un airbus !!!

Quand j'y était allé avec Seb, il y a 2 ou 3 ans, c'était un peu plus tard en saison (mars peut-être), et en arrivant au pied du couloir, on était restés sans voix !! Il était complètement sec, juste quelques plaques de neige éparpillées au milieu des rochers. Du coup, grosse déception. Et aujourd'hui, Bougnat pourrait lui dire: "T'as les BOULES hein ? T'as les BOULES comme un airbus ?"

Mais en fait, il n'a pas grand chose à regretter car s'il était venu, il aurait sans doute été de la même couleur que mes skis !!!

En effet, en essayant d'aller chercher un peu de bonne poudre (plus tentante que l'axe du couloir en neige soufflée dure) sur une contrepente en rive droite, sur un petit appui, pour déclencher un virage, j'entends un gros bruit sourd. Je m'arrête net. Une belle et longue fissure court dans la neige, juste sous les rochers à ma droite. Je recule doucement, comme sur des oeufs, je reprends le couloir en neige dure. Trois virages plus bas, le couloir est barré sur toute sa largeur par la même fissure qui partait donc aussi sur la gauche, ce que je n'avais pas réalisé tout de suite. Après une courte réflexion, je me dis que je n'ai pas le choix. J'avance donc, tout doucement, en faisant des petits pas et de légers dérapages, je me laisse glisser sur le bord, et j'arrive à basculer dans la branche de gauche. En effet, à cet endroit, un énorme rocher sépare le couloir en 2 branches, celle de droite étant donc dominée par une belle plaque, et celle de droite à priori beaucoup plus saine, et en très bonne poudreuse !

Bien, ça c'était pour la partie "il fait -15° et 40 km/h de vent mais je transpire quand même comme un Bougnat" !!!

Sinon, c'était super: une énorme bavante comme je les adore: Départ à 8h15 des Echines-dessus. L'approche assez plate, est très longue (j'ai mis 1h40 pour monter de 700 m et arriver au pied du couloir, qui, sur les 2 premiers tiers, n'est en fait qu'une petite combe, un peu comme le couloir des chamois, mais en beaucoup plus long: 700 m. Je n'ai pas compté, mais je pense que j'ai du faire pas loin d'une centaine de conversions !

Et je ne parle pas du brassage sur les 150 derniers mètres, dans une neige cartonnée sur 5 ou 6 cm, mais pas assez solide pour supporter mon poids: à chaque pas je passais à travers la couche dure et je m'enfonçais jusqu'au dessus du genou ! J'en ai profité pour tenter de développer une nouvelle technique, inspirée par Seb qui passe ses journées à décortiquer des vidéos de ski-alpi, et notamment celles de Maître "Peu Difficile ! parce que Facile ce serait pas juste !" Donc j'ai tenté le "planté du genou" et il faut bien dire que ça marche pas mal: en posant pied + tibia + genou, on augmente la surface d'appui et on s'enfonce moins ! On a un peu l'impression de marcher à 4 pattes, ou à genoux, mais au moins, on avance !!

Arrivée à la brèche: 13h25, soit 5h10 pour 1420 m de déniv. ! Même pas 300 m/h !!

Quant à la descente, une fois passée la frayeur de la plaque qui s'est affaissée, elle fut très bonne, même si évidemment, je ne l'ai pas savourée autant que je l'aurais voulu. J'ai essayé de ne pas trainer, avec cette épée de Damoclès au-dessus de moi, et les cuisses ont bien chauffé. Du coup, sur le bas, où la neige s'était un peu humidifiée, j'ai skié un peu n'importe comment !!

Dommage, car c'est un beau couloir, avec une très chouette ambiance.

Et puis, il y a eu la cerise sur le gâteau: sur le chemin des Echines-dessus, je poussais sur mes bâtons comme un perdu, les narines dilatées par une journée d'efforts intenses, quand je tombe nez à nez avec "Le Barbu des Echines" (celui avec les croutes de fromage cachées dans la barbe), juché sur son tracteur, en train d'épandre du lisier dans le ravin !!

Et bien croyez-moi ou pas, mais après des moments assez "tendus", la pire odeur est appréciée presque autant que le doux fumet des spaghettis de ce soir !!!